Aider les oiseaux en hiver
L’hiver est la saison la plus meurtrière pour les oiseaux qui résistent moins bien au froid en raison du manque de nourriture et de boisson. Vous pouvez leur venir en aide en installant des mangeoires et des abreuvoirs. Pour aider les oiseaux, hivernants ou migrateurs de passage sur notre territoire, la LPO et son réseau demandent une suspension de la chasse dans tous les départements dès qu’il gèle.
Pourquoi nourrir les oiseaux en hiver ?
Pour les oiseaux présents sur notre territoire, l’hiver est la saison la plus difficile même s’ils craignent moins le froid que le manque de nourriture.
La nourriture est indispensable pour affronter les basses températures or, c’est souvent à cette époque que les aliments sont les plus rares. Les sols durs et gelés les empêchent d’attraper les vers qui se sont profondément enfouis dans le sol et les graines se font rares. L’énergie qu’ils dépensent pour trouver leur nourriture (quand ils en trouvent) est considérable et n’est pas toujours compensée par leurs maigres repas. Nous pouvons donc les aider en leur fournissant une nourriture d’appoint. Mais attention, une aide maladroite peut causer du tort aux oiseaux, il y a des règles à respecter. Et puis, nourrir les oiseaux, c’est aussi l’assurance d’un beau spectacle toute la journée !
Quand les nourrir ?
Vous pouvez commencer le nourrissage aux premières gelées et l’étendre jusqu’au mois de mars lorsque l’hiver se prolonge. Vous devez leur donner à manger uniquement pendant cette période sensible, afin que leur comportement naturel soit respecté. Une fois le nourrissage commencé, ne l’interrompez pas jusqu’à l’arrivée des beaux jours, car les oiseaux seraient perturbés par ce changement alors qu’ils se sont peu à peu habitués à un point d’alimentation fixe. Réduisez petit à petit les rations quand le temps se radoucit et que les oiseaux commencent à montrer des signes de territorialité.
Attention, il existe des risques potentiels associés au nourrissage en période de reproduction. Au printemps, les oiseaux deviennent territoriaux. L’installation d’un poste de nourrissage peut alors provoquer de violentes interactions entre les oiseaux qui viennent se nourrir et ceux dont le territoire comprend la zone de nourrissage. Sur ce plan, les mésanges sont particulièrement irascibles : L’intrusion répétée de concurrents dans leur domaine peut se traduire par un échec des nichées. La transmission d’agents pathogènes : La concentration d’individus de différentes espèces sur et autour des nourrisseurs favorise le développement et la transmission de différentes maladies (voir fiche MFS « Maladies »). Les mangeoires (notamment plateau) sont suspectées d’augmenter la transmission de la salmonellose et de la trichomonose, et ainsi de contribuer au déclin prononcé de certaines espèces comme le verdier d’Europe. ). La concentration engendrée par le nourrissage pourrait affecter les taux de prédation par des prédateurs sauvages (épervier d’Europe) ou domestiques (chats). Le nourrissage supplémentaire en période de reproduction est à même d’affecter les processus de sélection et d’adaptation des populations d’oiseaux aux changements environnementaux. Plusieurs études ont démontré que des couples supplémentés pondaient plus tôt, et de telle sorte que la demande énergétique des poussins se trouvait décalée par rapport au pic de disponibilité alimentaire.
Un autre aspect du nourrissage, largement ignoré jusqu’à présent, est l’altération de la structure et de la composition de la communauté aviaire. En effet, toutes les espèces ne bénéficient pas de manière équitable du nourrissage, que celui-ci ait lieu en hiver ou en période de reproduction. Si le nourrissage supplémentaire est à même d’augmenter les densités de quelques espèces (pas forcément avéré mais c’est en tout cas le but recherché), alors il est possible que cette augmentation, au travers de processus de compétition, réduise les densités d’autres espèces.
Comment les nourrir ?
Ne jamais mettre la nourriture en trop grande quantité pour éviter qu’elle ne moisisse et empoisonne les oiseaux. Installer des distributeurs à graines en cas d’impossibilité de nourrissage quotidien, changer l’eau des abreuvoirs régulièrement, les oiseaux ont soif même en hiver et ils ont besoin de se nettoyer le plumage, nettoyer très régulièrement les mangeoires, tenir les graines à l’abri de l’humidité, ne pas donner d’aliments salés, en cas de découverte de mortalité suspecte, stopper immédiatement tout apport de nourriture et désinfecter la mangeoire et ses environs. Vous veillerez toujours à mettre la nourriture hors de portée des prédateurs tels que les chats.
Que leur donner ?
La graine de tournesol biologique est la meilleure pour les oiseaux granivores, les mésanges en raffolent. Tous les matins, mettre une quantité suffisante des graines dans les mangeoires pour une alimentation jusqu’en milieu d’après-midi. Avoine, blé, maïs et cacahuètes non salés conviennent aussi pour les passereaux. L’eau est essentielle aussi en hiver pour la survie des oiseaux, pourtant on aurait tendance à l’oublier. Elle peut être donnée légèrement tiède, à l’aide d’un récipient peu profond, pour éviter les baignades mortelles. Attention : Une erreur fréquente consiste à leur donner les restes des repas. Or ils sont souvent trop salés, trop sucrés ou trop cuits pour de tels organismes.
Le pain et les oiseaux
Aux mangeoires : Beaucoup de passereaux des jardins deviennent granivores en hiver. Leur régime alimentaire se compose essentiellement de graines, de bourgeons, de baies, de fruits… La meilleure nourriture à distribuer est la graine de tournesol noire (mieux adaptée que la graine de tournesol striée), les cacahuètes fraîches (ou arachides avec la coque) non grillées et non salées, et le maïs concassé.
Bassins et plans d’eau urbains : Les canards de surface, les cygnes tuberculés, mais aussi les foulques macroules, les gallinules poule d’eau et les mouettes rieuses ne sont pas programmés pour digérer le pain. Ils ont un régime alimentaire principalement composé de résidus végétaux (feuilles, tiges, racines, graines…) auxquels ils ajoutent parfois des petits mollusques d’eau douce (limnées), des vers et des insectes aquatiques.
Le pain ne convient donc pas aux oiseaux sauvages :
- Il contient trop de sel.
- Les oiseaux ne peuvent pas digérer le pain : il provoque des gonflements dans l’estomac.
- Le gluten provoque des maladies de foie.
- Il engendre des problèmes osseux, provoquant une malformation des ailes appelée « ailes d’ange » qui les empêche de voler.
- Les oiseaux perdent l’habitude de se nourrir seuls dans la nature.
- Certains individus (cygnes, canards…) changent de comportements et peuvent devenir agressifs à proximité du lieu de nourrissage.
En résumé
- Ne procédez pas au nourrissage en période de reproduction : La LPO préconise une aide hivernale qui s’étend globalement de la mi-novembre jusqu’à fin mars. Elle déconseille de nourrir les oiseaux en période de reproduction, au printemps et en été, afin d’éviter les risques potentiels associés au nourrissage.
- Choisissez la bonne mangeoire et entretenez-là
- Préférez les mangeoires verticales aux mangeoires plateaux. Créez plusieurs zones de nourrissage plutôt qu’une seule. Installez de préférence des mangeoires sélectives.
- Nettoyez les mangeoires avec une fréquence hebdomadaire pour limiter la transmission des maladies.
- Arrêtez immédiatement le nourrissage pendant 4 semaines si des oiseaux malades sont observés.
- Vérifiez la qualité des aliments (ne pas utiliser des aliments achetés l’hiver précédent et peut-être mal conservés).
- Quelques recommandations à suivre : Disposez les mangeoires dans des endroits dégagés, avec accès facile à des perchoirs en hauteur, pour éviter la prédation par les chats. Éloignez les mangeoires des fenêtres et baies vitrées pour limiter la mortalité par collision lors des envols brusques, très fréquents. Variez les nourritures proposées (graines différentes, graisses, pommes et autres fruits, mais pas de pain). N’oubliez pas un peu d’eau à proximité dans une coupelle.
- Remplacer le nourrissage par une solution plus pertinente : La solution la plus pertinente pour assurer une alimentation suffisante pour les oiseaux des jardins est d’augmenter la ressource disponible en graines, en arthropodes et autres invertébrés par une gestion plus écologique. Diversifiez les strates et les espèces végétales. Favorisez les espèces locales. Favorisez des variétés à fleurs et à fruits. Supprimez l’utilisation de pesticides. Ne taillez pas les haies de mars à août. Lors de la tonte des pelouses, privilégiez des coupes hautes, ne tondez pas toute la surface en même temps, gardez une partie non fauchée (tonte vers l’extérieur). Prendre des dispositions pour protéger la petite faune des chats (collerette colorée, répulsif, collier à grelots en période de reproduction…)
Mais d’où viennent-ils ?
Qu’est ce qui ressemble le plus à rougegorge ? Un autre rougegorge ! Celui que vous avez dans votre jardin en été est-il le même que celui qui est présent en hiver ? Difficile de la savoir car il est en effet quasiment impossible de différencier un individu d’un autre individu chez la plupart des oiseaux. On n’imagine donc pas que certains peuvent faire des milliers de kilomètres avant de se retrouver chez nous. Grâce aux baguages des oiseaux, on perçoit un petit peu mieux les trajets qu’ils font.
Bien que de taille beaucoup modeste, les passereaux n’ont pas à être jaloux des trajets effectués par les grands oiseaux. Ainsi, un Accenteur mouchet capturé en septembre 2002 en Norvège est venu passer l’hiver suivant 1765 km plus au sud à Saint-Rome-de-Tarn. Fait encore plus marquant, un Troglodyte mignon (un des plus petits oiseaux d’Europe) capturé en Lituanie en septembre 2002 est recapturé le printemps suivant à Saint-Rome-de-Tarn, soit à plus de 1800 km. Et que dire de cette Fauvette des jardins qui a parcouru 1754 km en 19 jours entre la Norvège et Laissac à l’automne 2003 ?
Revenons-en à au Rougegorge familier. Plusieurs données de baguages indiquent que certains oiseaux de l’est et du nord de l’Europe viennent hiverner en Aveyron :
- un individu bagué en octobre 1995 en Russie est retrouvé mort en mars 1997 à Millau (1746 km)
- un individu bagué en septembre 1998 en Suède est retrouvé mort un mois plus tard à Rignac (1429 km)
- un individu bagué en septembre 2002 en République Tchèque est retrouvé mort en octobre 2003 à Onet-le-Château (1098 km)