L’étude et la protection de la nature se sont focalisés, jusqu’à il y a encore peu d’années, sur les espèces et les écosystèmes menacés. L’intérêt que porte beaucoup d’ornithologues aux espèces dites « remarquables » et/ou aux oiseaux rares ou de grandes tailles conduits parfois à mieux connaître le statut de ces espèces que celui d’un oiseau commun de notre avifaune.
La conservation de la nature « ordinaire » passe inéluctablement par une meilleure connaissance de celle-ci. Les études et suivis effectués, depuis déjà plus de trente ans par les britanniques et les hollandais, ont permis de mettre en évidence un fort déclin de certaines populations de passereaux : là-bas, des espèces autrefois communes, voire abondantes, telles que le moineau friquet ou le bruant proyer, accusent des baisses de plus de 80% de leurs effectifs depuis 1968. Mais qu’en est-il en France ?
Face au constat d’incapacité de notre pays à proposer un état de santé des populations « d’oiseaux communs », un programme d’étude et de suivi a été initié en 1989, coordonné par la CRBPO (Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux) au sein du Muséum National d’Histoire Naturelle. Portant le nom de Suivi Temporel des Oiseaux Communs ou STOC, il est composé de deux volets complémentaires :
Le STOC-Capture : étude de la survie des adultes et du succès de reproduction. Il est basé sur la capture et la recapture de passereaux nicheurs à l’aide de filets japonais.
Les oiseaux sont identifiés au moyen de bagues numérotées adaptées à la morphologie de leurs pattes. Seules des personnes habilitées et formées sont autorisées à réaliser ces opérations délicates.
Le STOC-EPS : évaluation dans l’espace et dans le temps de l’abondance des populations d’oiseaux nicheuses d’oiseaux communs. Il est fondé sur des points d’écoute (Echantillonnages Ponctuels Simples ou EPS). Il permet de suivre les modifications des milieux et l’impact de ces modifications sur les oiseaux.
Relancé en 2001, le STOC-EPS, de par la simplicité de sa méthode, est accessible à tous les ornithologues amateurs connaissant les chants des oiseaux. S’impliquer dans cette démarche nécessite seulement 2 à 3 heures d’observation et d’écoute deux fois par printemps.
Son principe est le suivant : un carré de 4 Km2 est tiré au sort dans un rayon de 10 Km autour d’un lieu de son choix, par le coordinateur national au CRBPO, sur un logiciel de Système d’Information Géographique. Dix points d’écoute sont répartis de façon homogène et de manière à ce que les différents milieux présents sur le carré soient représentés. Un relevé « habitats » est effectué par point d’écoute lors du premier passage.
En Aveyron la démarche a débuté en 2002. De 6 carrés (soit 60 points d’écoute) couverts fin 2003, nous sommes passés à 15 carrés (150 points d’écoute) fin 2004 puis 25 carrés (soit 250 poins d’écoute) en 2008. Cette progression significative du nombre de points d’écoute nous a d’ailleurs valu les remerciements du coordinateur national « pour cette adhésion massive au programme ».
Il est essentiel que cet outil de suivi se développe dans notre région car non seulement il contribue à améliorer les connaissances sur l’évolution des populations d’oiseaux communs à l’échelle nationale mais il permet également de déterminer la santé des populations à l’échelle locale (possibilité de la comparer à celui du reste de la population nationale) et de suivre l’impact des mesures de gestion menées dans notre région.
Il permet de mettre en évidence l’évolution des populations d’oiseaux communs c’est à dire hirondelles, moineaux, rouge-gorge, mésanges,… et bien d’autres qui animent notre quotidien que nous vivions en ville ou en milieu rural. Tous ces oiseaux sont des précieux bio-indicateurs de l’environnement dans lequel ils vivent. Environnement qui est aussi le notre !
Récemment un cri d’alarme a été émis par la Grande-Bretagne concernant le moineau domestique ! En effet la moitié de la population de moineau domestique de ce pays a disparu en trente ans. A Londres, une diminution de 90% a été enregistrée entre 1990 et 2000 ! Et ce déclin est avéré dans toute l’Europe occidentale. Qu’en est-il dans notre pays ? C’est grâce à tous les « écouteurs » du STOC-EPS que nous pouvons indiquer une diminution de cette espèce sur notre territoire de 11%, entre 1989 et 2003, des populations rurales et urbaines. Un signe avant-coureur inquiétant qui suit de près la très forte diminution d’un cousin autrefois abondant du moineau domestique, le moineau friquet.
Il est donc indispensable que nous nous mobilisions afin d’être le plus nombreux possible à effectuer des points d’écoute et couvrir ainsi l’ensemble des écosystèmes présents dans notre région. La constitution d’un réseau EPS dynamique permettra de participer activement à la conservation de nos oiseaux dits « communs ».
Il n’est point indispensable d’être un « pro » des chants d’oiseaux mais de connaître les cris et chants des oiseaux communs de votre secteur. Si vous avez des doutes sur vos compétences, venez nous rejoindre lors des sorties mensuelles que nous organisons. Là des ornithologues vous aideront à vous perfectionner et pourront, si vous le désirez, vous donner leur avis sur votre participation -ou non- au STOC-EPS.
Les personnes intéressées pour participer peuvent contacter le coordinateur local, Samuel TALHOET au 06 84 39 32 17.
Analyse des données STOC EPS 2001-21 en Occitanie : https://aveyron.lpo.fr/wp-content/uploads/2023/09/Tendance_STOC_Occitanie_2001-2021_VF2_web.pdf