Sauvetage de jeunes Effraies des clochers sur le Lévézou

Lundi 8 juillet, je fus alerté par ma belle-fille et une copie d’écran d’un réseau social bien connu… « Une personne peut-elle déplacer des chouettes effraies à Salles-Curan situées dans une cheminée en cours de démolition ? Elles ne volent pas et la LPO ne peut pas se déplacer… »

Bénévole LPO depuis quelques années et habitant sur le Lévézou, j’ai décidé d’agir. J’ai appelé la LPO pour avoir des conseils. A partir de là, j’ai tenté en vain de trouver les coordonnées du couvreur qui avait rédigé le message. Peine perdue, je me suis alors déplacé à son domicile à Prades-Salars et nous avons convenu de nous retrouver sur le chantier à 7h du matin le lendemain. Levé de bonne heure, j’ai confectionné à la hâte un caisson avec un sas d’entrée (plan du nichoir trouvé sur Internet).

A mon arrivée, j’ai eu le privilège de bénéficier d’un élévateur hydraulique piloté par le couvreur. Seules 3 des 5 jeunes effraies ont été attrapées dans la cheminée et sur le toit puis mises dans le nichoir…

Ne craignant pas le vertige, le couvreur a eu tôt fait d’installer le nichoir sur le dessus d’une cheminée située à seulement 6 m du nid initial.

Belle petite aventure humaine en quelque sorte et la rencontre d’un bien chouette couvreur.

Mercredi 10 juillet, je suis allé surveiller si tout se passait bien. Il y avait du mouvement avec envol à la nuit tombante. Les jeunes ont été âgés par la LPO, d’après les photos, entre 56 et 63 jours, certaines presque volantes (avec encore du duvet sur la tête) et d’autres tout juste volantes.

Claude Sannié, bénévole LPO qui agit pour la biodiversité

 

La consommation moyenne d’un couple d’effraie avec ses jeunes est de 5000 proies par an ! Campagnols, mulots, musaraignes composent 90 % de son régime alimentaire.

L’ouest Aveyron accueille encore une des dernières populations d’Effraies des clochers contrairement au reste du département où des couples isolés survivent çà et là. Outre les atteintes qui peuvent être portées à ses milieux (disparition des prairies naturelles, arasement des haies, utilisation croissante de pesticides et rodenticides anticoagulants…), l’Effraie des clochers doit également faire face à d’autres menaces directes. L’augmentation du trafic routier, la rénovation du vieux bâti et la condamnation systématique des accès aux clochers d’église impactent fortement l’espèce.

Espèce intégralement protégée, cette chouette est une alliée précieuse en milieu rural qui a toujours trouvé sa place à nos côtés dans le passé et notre devoir est de la préserver.

Alors pour combien d’années encore en Aveyron pourrons-nous avoir la chance d’admirer la nuit une effraie posée sur un piquet ?