En 2011, lors du classement de la Réserve naturelle par la Région Midi-Pyrénées et malgré les multiples richesses que l’on connaissait déjà (Lézard ocellé, chauves-souris, Triton marbré), nous étions bien loin d’imaginer les nombreuses découvertes qui allaient être faites et notamment parmi le groupe des champignons qui compte désormais 388 espèces connues. C’est grâce à l’expertise du Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées et de l’association aveyronnaise l’AMBA que ces nouveaux trésors ont été décelés.
Dans la forêt, des champignons dits « saproxyliques » profitent des gros bois morts de châtaigniers dont les espèces les plus remarquables sont sans aucun doute Piptoporellus soloniensis et Dentipratulum bialoviesense.
Piptoporellus soloniensis un très rare polypore en France était présumé éteint dans l’ex région Midi-Pyrénées avant sa redécouverte dans la Réserve par Carole Hannoire (CBNPMP). Sa dernière mention date de 1925 par Bourdot & Galzin dans le Tarn et l’Aveyron. Il semble très bien représenté sur la réserve où plusieurs observations ont été faites tantôt sur chandelle, tantôt sur souche dégradée. Cette vaste et ancienne châtaigneraie à fruits constitue vraisemblablement un excellent refuge pour cette espèce très rare.
Dentipratulum bialoviesense est un champignon européen également très rare qui n’est connu pour le moment que dans des forêts en Pologne, en Suisse et dans le Sud-ouest de la France. Sur la Réserve, il a été découvert sur un châtaignier au sol, très décomposé avec des cavités de pics.
Par ailleurs dans une prairie maigre pâturée, de bien curieux champignons ont été découverts. Il s’agit d’une cohorte d’Entolomes-Hygrocybes à forte valeur patrimoniale. Ces espèces portant des noms singuliers (Cuphophyllus flavipes, Agrocybe cf. splendida ou encore Hygrocybe reidii) sont de véritables marqueurs de la stabilité physicochimique de ces sols jamais amendés. En effet, les engrais, le chaulage et les différents pesticides leur ont porté gravement préjudice et ces champignons sont désormais parmi les plus en danger sur notre continent.
Un essai d’évaluation de l’intérêt patrimonial selon un protocole standardisé met en avant le fait que cette prairie peut être considérée d’intérêt national sur le plan patrimonial.